Le commercial triste

Rough Patch (again)
Creative Commons License photo credit: RLHyde

Je discutais récemment avec un ami.

Il est commercial de son état et fait ce métier depuis assez longtemps pour le maîtriser. Il est d’ailleurs reconnu comme l’un des meilleurs dans son domaine.

Moi: Alors tu as fait ta vente à quelques millions ?

Lui: Oui.

Moi: Euh… Tu n’as pas l’air fou de joie. Il y a un souci ?

Lui: Il n’y a pas de problème, c’était très facile.

Moi: Et alors ?

Lui: Cela veut dire que j’ai probablement vendu moins cher que j’aurais pu.

Moralité: Vendre ou ne pas vendre n’est pas le plus important. Ce qui compte c’est de maximiser chaque opportunité.

Tout, tout, tout, vous saurez tout sur le…

Humpback Whale Tail and Iceberg in Labrador
Creative Commons License photo credit: natalielucier

Il est possible pour un humain de tout savoir sur un sujet, sous réserve de prendre un sujet suffisament concis. Par exemple, tout savoir sur un groupe de rock ou tout savoir sur les équations quadratiques.

Par contre il est impossible pour un humain de savoir tout ce qui existe. L’exhaustivité n’est jamais assurée, sauf être une machine.

C’est ce qu’on l’on croyait jusqu’il y a peu de temps. Cependant avec la vitesse de développement d’Internet, ce n’est plus possible non plus.

Google n’a pas la capacité d’indexer tout Internet en temps réel. D’ailleurs Google n’a pas la capacité d’indexer TOUT Internet.

Chaque seconde, des milliers de pages sont créées et des millions sont modifiées. Google dépend maintenant de Twitter pour ce qui est en temps réel.

Il est fort probable que la partie immergée d’Internet, la partie invisible des moteurs ne fasse qu’augmenter avec le temps. La longue traîne est un concept sans avenir.

S’il y a trop d’activité au dessus de la ligne d’horizon, personne ne regarde ce qui se passe en dessous.

Une étoile parmi une infinité

DSC00101
Creative Commons License photo credit: lemontale

Chaque jour, des centaines de milliers de blogs se créent.

Chaque jour, des dizaines de milliers de sites plaquette sont lancés

Chaque jour, des milliers de sites e-commerce sont ouvert.

Je ne parlerai pas des millions de produits ajoutés sur Amazon, sur eBay et sur les autres plateformes.

Le résultat est que personne ne connaît le nombre de pages qui sont ajoutées chaque jour.

Internet contient maintenant un nombre infini de pages. Pourquoi infini ? Simplement parce que personne ne peut en faire le tour, ni Google, ni aucun autre système.

Comment faites-vous pour rendre visible votre site au milieu de cette infinité ?

Quand vous n’êtes qu’une étoile comme les autres, aucun astronome ne s’intéresse à vous.

Et si on oubliait enfin le taux de clic ?

Alors qu’il a toujours été érigé en principal indice d’efficacité pour les campagnes promotionnelles en ligne, le sacro-saint taux de clic ne semble plus en phase avec les objectifs fondamentaux de la publicité. Certains envisagent de l’abandonner enfin au profit de méthodes plus pertinentes et plus en accord avec la réalité.

Depuis longtemps déjà, certains sites outre-atlantique ont sauté le pas, au moins partiellement, à l’instar de MarketWatch.com Inc., un site d’informations financières américain, qui a abandonné la mesure des taux de clic dans le but de redonner à la publicité online l’efficacité qu’elle mérite.

Il faut dire que la pub par bandeaux ou par boutons a toujours souffert de l’orientation maladroite qui lui a été donnée dès l’origine. Faire venir l’internaute directement sur le site marchand d’un simple clic est devenu l’impératif numéro un. Mais avec l’accroissement exponentiel du nombre de sites, et du même coup la multiplication de bannières publicitaires, l’intérêt des internautes s’est rapidement « dilué » et les taux de clics ont dramatiquement chûté.

D’ailleurs, on en a conclu un peu vite que la publicité en ligne était de moins en moins efficace, alors que c’était en réalité la méthode de mesure qui était inadaptée.

Selon les responsables de MarketWatch.com, que les internautes « cliquent » ou pas sur les bandeaux, la publicité en ligne reste efficace, dans le sens où sa présence contribue au renforcement de la notoriété de la marque. L’entreprise espère bien faire des émules et convaincre les annonceurs et les éditeurs que la pub en ligne reste un formidable vecteur marketing, à condition de savoir l’exploiter.

Certes, le taux de clic permet de déterminer les tarifs auxquels peuvent se négocier les emplacements publicitaires. Et le programme du désormais incontournable Google fonctionne suivant ce principe. Plus une bannière génère de clics, et plus l’emplacement est jugé efficace, donc cher. Mais la continuelle baisse des taux de clics, et la chûte des budgets pub qui en ont découlé ont montré la fragilité de ce raisonnement. Une bannière vue (mais pas cliquée) par un million de personnes est-elle moins efficace qu’une autre publicité cliquée par quelques centaines d’individus ? Si oui, quel est alors l’intérêt des publicités classiques à la télévision ou dans les journaux puisqu’elles ne permettent aucunement de « réaliser » des clients directs à partir de leur seule parution ?

C’est justement le point de vue défendu par les défenseurs d’une nouvelle pub en ligne, qui affirment qu’une publicité reste efficace (et surtout reconnue) sans qu’il soit nécessaire que les internautes se rendent aussitôt sur le site en question. Comme pour les médias traditionnels.

L’heure n’est plus à la consultation impulsive, l’internaute évolue, et sa façon d’utiliser internet est plus réfléchie, plus mûre. Le taux de clic devient donc obsolète, tout juste capable de noter un taux de retour spontané, mais qui ne peut en aucun cas refléter l’impact réel d’une campagne de publicité online.

Ainsi, parmi les 27 raisons susceptibles de convaincre les annonceurs de la pertinence des publicités en ligne, l’Interactive Advertising Bureau ne mentionne pas le fameux taux de clic. Il s’agit plutôt de raisonner en termes de notoriété, d’avantages, d’image et de reconnaissance à long terme.

Et pour un responsable de Taylor Nelson Sofres Interactive, le taux de clic n’est qu’un faible indicateur de pertinence d’une campagne car il ne fournit aucune donnée socio-démographique et, surtout, ne concerne qu’une toute petite partie des internautes exposés à la publicité. En effet, quand on songe que les taux de clic de la plupart des campagnes atteignent rarement 1%, se focaliser sur cet unique élément revient donc à « négliger » les 99% d’internautes qui ont vu la publicité sans cliquer.

Une politique qui semble en totale contradiction avec la volonté de faire d’Internet un média universel.

Acheter aujourd’hui ou payer plus demain ?

Récemment, la société Verisign, qui est en charge de la gestion des extension .com et .net, a indiqué que le prix de vente des noms de domaine allait augmenter de 7 à 10% d’ici le mois d’octobre.

Il s’agit bien évidemment du « prix de gros », c’est à dire celui qui est facturé aux bureaux d’enregistrement auprès desquels nous achetons nos noms de domaine. Libre ensuite à ces mêmes bureaux d’enregistrement de répercuter ou non cette hausse. Mais si ce n’est pas celle-là, ce sera surement la prochaine…

Car en effet, L’ICANN (organisme international de régulation des noms de domaine) a prolongé jusqu’en 2012 le monopole de Verisign sur les .com et les .net, en lui accordant en prime la permission d’augmenter annuellement ses tarifs de 7% pendant les quatre ans à venir.

Soit presque 50% d’augmentation en tout d’ici 2012. Autant dire que, du point de vue des « acheteurs » finaux que nous sommes, ça va se ressentir à un moment ou un autre.

Ainsi, à l’heure où la pénurie de noms de domaines commence à se faire ressentir, en tout cas pour les noms courts et pertinents, nul doute que le marché de la revente de domaines va certainement bénéficier, même indirectement, de cette prochaine évolution.

Autre gagnant : Verisign, pour qui cette bonne opération devrait se traduire par une augmentation de ses profits d’environ… 29 millions de dollars.

Bruno