Le web va être noyé sous une vague porno

Global X is at the Museum of SeX
Creative Commons License photo credit: Global X

L’ICANN, l’organisme qui régule les noms de domaine sur Internet a autorisé vendredi la création de l’extension xxx.

Il a fallu plusieurs années de négociation et plusieurs refus pour finalement que cette extension soit approuvée. Comme toutes les nouvelles extensions, la phase initiale d’enregistrement est réservée aux détenteurs de marques.

L’extension sera ensuite ouverte totalement: tout le monde, société ou particulier, pourra enregistrer n’importe quel nom, sous réserve qu’il soit libre. Le registre derrière l’extension pousse son utilisation pour les activités pour adultes (je pense que tout le monde m’a compris).

Le tarif est assez agressif: $10 par nom et par an.

Depuis l’annonce, plus de 300 000 noms ont été pré-réservés, cela fait un peu plus de 4000 noms par heure.

Restera-t-il quand même de la place sur le web pour les autres sites ?

Source: décision ICANN

Je le tire ou je l’attache ?

Lost in the woods
Creative Commons License photo credit: Yinghai

En écoutant la radio ce matin, je suis tombé sur une publicité pour une association qui défend les intérêts de la filière du bois.

A la fin de l’annonce, on  nous invite à nous connecter sur « franceboisforet tout attaché point FR ».

Le fait qu’ils précisent « tout attaché » me laisse à penser que plusieurs personnes leur ont posé la question « il faut attacher ou mettre des tirets ? » La seule réponse valable est: « comme vous voulez ».

Pourquoi se compliquer la vie ? Une des règles de base du choix d’un nom de domaine est de prendre quelque chose qui peut être donné par téléphone sans devoir l’expliquer.

A l’heure où j’écris ces lignes, le nom de domaine france-bois-foret.fr est disponible et le réserver ne coûterait que quelques euros. Pourquoi ne pas l’avoir fait ?

En êtes-vous encore à faire cette erreur ?

bruno_le_maire
Creative Commons License photo credit: brunolemaire

J’ai déjà abordé un sujet similaire il y a quelques temps, ici-même, en m’adressant en particulier à tous les fans de chocolat.

Il me semble important d’y revenir sous un angle un peu différent en parlant en particulier d’une fausse bonne idée: multiplier les sites pour améliorer le référencement.

L’approche est simple: pour aider à faire décoller un site qui a un faible trafic, cela consiste à créer un ou plusieurs blogs ou sites qui iront créer des liens vers le site principal et génèreront ainsi du trafic.

En théorie c’est imparable: une des règles du référencement est d’avoir des liens (ou backlinks pour les anglophiles) et quoi de plus efficace que de les créer soi-même ?

Dans les faits c’est un peu plus complexe pour deux raisons:

1- il est probable que les moteurs et annuaires remarquent rapidement la relation entre tous ces sites et ne prennent pas en compte les liens ainsi créés.

2- comment allez-vous faire connaître ces sites ? Au lieu de devoir faire le référencement d’un seul site, vous venez de vous confier la tâche de référencement 5 sites différents.

Le raisonnement est le même si vous décidez d’acheter 50 noms de domaine pour faire connaître votre activité. Comment allez-vous promouvoir 50 noms ?

Le gouvernement l’a bien compris: dans un rapport rendu public le 12 février, il est proposé de diviser par 10 le nombre de sites Internet du gouvernement.

Jeu, sexe et noms de domaine

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Creative Commons License photo credit: Lucy Boynton

Le sexe vend.

Le jeu vend.

Combinez les deux avec la rareté des noms de domaine (après tout il n’existe qu’un exemplaire de chaque nom) et vous avez une bonne méthode pour gagner (ou dépenser) une bonne pile d’argent.

Poker.org vient de se vendre pour 1 million de dollars. L’acheteur est une société spécialisée dans l’affiliation en jeux en ligne comme le poker, les paris et autres activités similaires.

Comme je suis sûr que vous regrettez de ne pas l’avoir acheté, je suis heureux de vous annoncer que vous avez un mois pour vous préparer à la vente d’un nom de domaine nettement plus intéressant.

Ce nom est tellement connu et son histoire tellement tumultueuse (avec vols, procès, détournements, …) qu’un livre a même été écrit sur son histoire.

Je vous parle de sex.com

La société qui l’aurait acquis en 2006 est actuellement en liquidation et le nom de domaine se retrouve donc aux enchères à New York le 18 mars 2010.

La vente est publique et ouverte à tous, sous réserve de produire un chèque de banque d’une valeur de 1 million de dollars.

Hum… Allez-vous garder poker.org ou acheter sex.com ?

Allez-vous perdre vos noms de domaine ?

walking
Creative Commons License photo credit: naus3a01

Etant donné que les noms de domaine se vendent pour quelques euros, il est généralement suggéré d’en réserver le maximum possible: noms de marques, déclinaisons de termes génériques, etc… Cela évite que vos concurrents déposent un nom à votre place et vous permet de préparer l’avenir sereinement.

Après tout si vous avez l’idée de créer un site communaitaire d’échange de conseils entre particuliers sur l’élevage des mygales en appartement, réservez immédiatement mygales-appartement.com, mygale-appartement.com et les déclinaisons en autres extensions avant qu’un autre ne le fasse et vous vole l’idée du siècle.

Vous êtes ainsi protégé. Même si quelqu’un crée demain une société qui s’appelle Mygales Appartement SARL.

Quoique.

En fait vous ne serez pas protégé et perdrez vos noms de domaine si vous n’avez pas monté de site. La loi est claire: un nom de domaine est opposable uniquement s’il est exploité. Et par « exploité » le législateur veut dire que le nom doit amener sur un site.

Ne réservez pas des noms de domaine juste pour les conserver. Utilisez-les, même si c’est simplement pour les mettre en parking ou en redirection sur d’autres sites. Un nom de domaine qui renvoie nulle part ne vous est pas garanti.

Le danger des noms de domaine .Pro

23 November 2009 - Closing Arguments 11
Creative Commons License photo credit: Extraordinary Chambers in the Courts of Cambodia

Devant la raréfaction relative des noms de domaine, certains n’hésitent pas à acheter des termes génériques dans des extensions non communes dont le .pro

C’est une stratégie intéressante mais il semble que ces personnes n’ont pas fait les recherches initiales nécessaires avant de se lancer dans l’aventure.

Les .Pro sont vendus en France principalement par deux sociétés: OVH et Gandi.

Pourquoi pas par plus de sociétés ? Probablement pour les mêmes raisons qui font que l’achat d’un domaine .pro pour l’utiliser est à mon avis une mauvaise idée.

Le .pro était initialement restreint aux Etats Unis puis étendu au Canada et au Royaume Uni. Il n’est ouvert mondialement que depuis juillet 2008.

Et cette ouverture n’est pas réellement complète: afin de pouvoir obtenir un .pro il faut justifier d’être un professionnel et c’est sur ce terme que le risque est grand.

La notion de « professional » dans le droit anglophone signifie une personne qui exerce une activité en ayant obtenue une qualification précise, reconnue et certifiée par un corps professionel: avocat, notaire, médecin…

Afin de satisfaire cette exigence, le registre du .pro exige un document prouvant l’appartenance à un corps professionnel. Certaines sociétés ont interprété cela comme permettant à toute personne d’acheter un .pro sous reserve de pouvoir donner un numéro KBis ou similaire.

C’est visiblement un abus et un détournement de la règlementation du .pro d’où mon conseil de ne pas utiliser un nom de domaine .pro puisque vous n’avez pas de certitude que le registre n’en reprendra pas possession le jour où ils découvriront cet abus.

Concernant l’investissement dans les .pro, c’est en core plus simple: ne perdez pas votre temps. Pourquoi ? Les .pro ne peuvent pas être revendus ou changer de propriétaires…

Des accents et bien plus encore

On retrouve en ce moment sur Internet un  buzz comme quoi l’ICANN, l’organisme qui s’occupe des règles des noms de domaine, serait sur le point d’autoriser les noms de domaine en arabe, chinois et autres caractères non latins.

My Name
Creative Commons License photo credit: Timitrius

Plusieurs points me semblent nécessaires:

1- Ce n’est pas nouveau. Les IDN (Internationalised Domains Names) sont actifs sur Internet depuis 2003. Vous pouvez donc déjà acheter cheminée.com (avec l’accent)

2- Le travail en cours est géographique. L’ICANN travaille actuellement sur l’autorisation des caractères non latins pour les extensions géographiques comme par exemple le .fr ou le .be

3- C’est une mauvaise idée pour les pays francophones de toute façon. Les IDN sont intéressants pour les pays qui ont un alphabet totalement non latin, comme l’arabe, le chinois, le japonais ou encore le grec. Pour les pays dont l’orthographe se passe des accents et caractères spéciaux, les lettres « normales » suffisent.

Ne perdez pas de temps et d’argent à acheter des noms IDN. Certains logiciels ne sont pas compatibles et vos clients ne s’attendent pas à devoir saisir des accents…

Le choix du nom

Une discussion sur Forum Marketing ces derniers jours m’a fait réfléchir aux différentes approches possibles pour choisir un nom.

Thank You For Smoking
Creative Commons License photo credit: P/UL

Que ce soit un nom de domaine, un nom de société, le titre d’un livre ou d’un film, il n’existe au final qu’un nombre restreint d’approches possibles:

  1. Prendre un nom descriptif. C’est le cas de forum-marketing.com .
  2. Se baser sur un nom propre. C’est le cas de Citroen ou de Andersen.
  3. Inventer une marque. C’est le cas de Yahoo ou de Wanadoo.
  4. Faire de l’humour et manier le second degré. C’est le cas de Chauffeur de Buzz ou de Une Araignée au Plafond . C’est aussi le cas de ce blog.

Si vous ne pensez qu’au référencement, le seul choix possible est le premier mais il a le désavantage de ne pas permettre de créer une marque. Pouvez-vous vivre avec ce choix pendant 20 ans ?

Qui se souvient il y a 8 ans ?

Septembre 2001 est resté dans les mémoires comme une période sombre de l’histoire et une révolution au niveau des relations internationales.

Sur Internet, septembre 2001 a aussi marqué une révolution: la création de nouvelles extensions pour les noms de domaine. Pour la première fois depuis l’invention d’Internet, les extensions génériques traditionnelles (com net org) étaient rejointes par sept autres extensions.

Raccordement téléphonique dans mon quartier
Creative Commons License photo credit: photogestion

Lancées en grande pompe, ces extensions avaient pour but de désengorger le .com et de permettre à tout le monde de trouver sa juste place en ligne.

Faisons le point 8 ans plus tard:

.biz: ouverte à tous sous reserve de vendre des chose, cette extension est utilisée sur 2 millions de domaines.

.coop: extension pour les coopérative, à ce jour elle compte moins de 6000 noms

.aero: dédiée à l’aviation, cette extension comporte un peu plus de 6000 noms enregistrés.

.pro: réservée aux professionnels (docteurs, avocats, comptables, …) avec maintenant 32500 noms enregistrés.

.museum: limitée aux musées mais qui ne comporte que 530 noms à ce jour.

.name: extension pour avoir son nom de famille. Elle comporte 320 000 noms.

.info: ouverte à tous, cette extension est la grande gagnante avec plus 7.5 millions de noms enregistrés à coups de promotions agressives (nom de domaine gratuit pendant un an par exemple)

Est-ce que cela valait le coup ? Financièrement peut-être mais au niveau popularité, je reste sceptique…

Avez-vous pensé à votre succession ?

Les sauvegardes c’est important. Tout le monde le sait, tout le monde le recommande, mais typiquement personne ne le fait tant qu’un désastre n’est pas arrivé.

(256/365) Dead tired
Creative Commons License photo credit: Sarah G…

Au niveau humain c’est la même chose. Que va-t-il se passer si demain vous tombez malade et ne pouvez pas travailler pendant quelques semaines ? Je vous laisse extrapoler sur d’autres possibilités encore plus critiques.

Ou plus simplement, que se passe-t-il si vous partez en vacances dans un endroit sans aucun signal pour portable ni accès Internet ?

Etes-vous le seul détenteur de tous les mots de passe ? Etes-vous le seul à connaître le nom du comptable ? A part vous, qui connaît le logiciel de facturation que vous utilisez ? Quelqu’un d’autre sait-il où trouver les déclarations pour les impôts ?

D’ailleurs que voulez-vous que deviennent vos sites si vous ne pouvez plus en assurer la maintenance ? Voulez-vous qu’ils soient fermés ? Qu’on mette sur la page d’accueil ce qui vous est arrivé ? Ou qu’ils restent figés jusqu’à l’expiration du nom de domaine ?

Une activité en ligne est comme toute activité, il faut prévoir l’avenir. Et dans l’avenir le pire peut arriver. Y avez-vous pensé ?