Une étude apparemment anodine vient pourtant de révéler sans le vouloir une tendance forte qui pourrait bien remettre en question l’intérêt de collecter des adresses électroniques à des fins commerciales.
Tout le monde s’accorde à dire que les jeunes d’aujourd’hui baignent littéralement dans les nouvelles technologies : téléphonie mobile de 3e ou 4e génération, musique « portable », internet, consoles de jeux communicantes, etc. Et comme ces mêmes jeunes formeront très probablement le coeur de cible de la cyber-consommation globale des prochaines années (quand ce n’est pas déjà le cas dans certains secteurs), leur comportement actuel peut permettre aux professionnels du Web de réviser leur stratégie commerciale pour les années à venir.
Parmi les moyens de communication préféré des cyber-marchands, l’email est depuis longtemps devenu l’outil de référence pour prospecter à moindre coût, informer efficacement, assurer un suivi client documenté et permettre une fidélisation par le biais d’abonnements à des newsletters et autres autorépondeurs. Bref, sans politique de messagerie électronique, n’importe quel entreprise en ligne se trouve quasiment coupée de ses clients.
Mauvaise nouvelle : une étude de Pew Internet and American Life Project (http://www.pewinternet.org/) vient de révéler que les jeunes considéraient l’email comme le plus impopulaire des moyens de communication technologique. Pour une très grande majorité d’entre eux, ils préfèrent communiquer directement depuis leurs blogs ou ceux de leurs amis, à travers billets et commentaires. Les forums de discussion ont eux aussi la côte, de même que les messageries instantanées (Skype, MSN Messenger, Yahoo Messenger, Jabber, etc…), sans oublier le partage de contenu et même les nouveaux réseaux sociaux, ou « social networking », qui n’intéressent désormais plus seulement les professionnels.
Quant à l’email, il est pour eux le canal « de dernier recours », celui qu’ils considèrent à la fois comme le moins fiable, le plus lent et le plus « has been ». En outre, le message électronique semble souffrir d’une connotation fortement commerciale, dans l’acception la moins flatteuse du terme. Et c’est vrai qu’avec une proportion de 95% de spams sur tous les emails émis dans le monde cette année, on manque d’arguments pour les convaincre du contraire.
Par conséquent, loin de l’aura dont ce medium bénéficia à ses début auprès de la génération précédente (d’où sont issus la plupart des professionnels d’aujourd’hui), l’email risque de ne perdre son effet générateur d’ici quelques temps. Pire encore, il pourrait bien devenir le premier symbole d’une politique commerciale vieillissante et de moins en moins adaptée à un marché en perpétuelle évolution.
Bruno